Il y a presque 19 ans, j'ai entamé un projet qui me tenait à cœur : réhabiliter un terrain difficilement exploitable, vendu pour une partie comme une « prairie » où rien ne poussait ou presque à part de « mauvaises herbes » et des ronces, et de l’autre côté, une zone en proie aux caprices d'un cours d’eau 🌊. C'était exactement ce que je recherchais : un espace brut, un défi à relever 💪.
J'ai commencé par débarrasser ce qui encombrait le terrain – vestiges de matériels agricoles, ferrailles en tout genre, clôtures, piquets, plastiques et gravats – et j'ai vite planté quelques fruitiers 🍏 à des endroits propices, de l'autre côté du ruisseau, invisibles sur cette photo. Puis, les choses sérieuses ont commencé : remise en état des fossés à la main, un très bon exercice pour le rugbyman que j’étais à l’époque 🏉. Ensuite, j'ai reconstitué et diversifié les haies 🌳. Ce travail minutieux a été largement soutenu par la spontanéité de la nature elle-même 🌱. Les écureuils 🐿️, qui étaient déjà présents ou qui se sont installés, ont aidé à planter des noyers et des noisetiers. Le long du ruisseau, j'ai trouvé des fusains et quelques cornouillers. J'ai aussi récupéré des branches de saules flottant dans le cours d'eau pour former mes premières fascines plessées et quelques têtards, qui à leur tour m'ont fourni en branches fraîches prêtes à être bouturées ou transplantées.
Pour les zones inondées et les sols lourds, j'ai beaucoup observé la nature avant d'intervenir, de peur de l’échec. Je voyais déjà que c’était difficile, même pour les arbres qui poussaient spontanément : beaux une année, morts par l'eau ou le gel l’année suivante. Comprendre le fonctionnement de ces zones m'a permis de guider la croissance des espèces les plus adaptées, en tout cas celles qui ont eu la chance de survivre. Le résultat ? Un environnement végétal qui s'est développé avec très peu d'apports extérieurs. Hormis quelques fruitiers et arbres remarquables 🌳, tout est le fruit de ce que la nature a voulu offrir, avec un peu de taille, de transplantations… et du temps ⏳.
Pour mes 40 ans, en 2016, qui coïncidaient avec la Journée mondiale des sols 🌍, j'ai décidé d'exploiter une dépression du terrain pour développer un peu plus la zone humide et pour créer le plan d'eau que l'on voit sur cette photo. Aujourd’hui, je suis très satisfait du résultat 😊.
Près de deux décennies plus tard, la biodiversité s'épanouit 🦋 : cette année, j'ai eu la chance d'observer une multitude d'espèces d'insectes que je n'avais pas trop l'habitude de voir 🐞 – Calliteara pudibunda, Chrysolina herbacea, Malacosoma neustria, Libellula depressa, Oedemera nobilis, Xylotrechus rusticus, Phyllopertha horticola, et Trichius gallicus.
Beaucoup de gens qui étaient surpris par mon choix et mes activités de l’époque me rejoignent désormais 👥.
La nature n'est certes pas parfaite, mais quand on lui laisse une chance, elle sait nous surprendre et nous rendre service 🌍. Ce projet, qui n'est toujours pas terminé et ne le sera sans doute jamais, m'a appris que la patience, l'observation et le respect de la spontanéité peuvent transformer des espaces délaissés en véritables sanctuaires pour la biodiversité, et in fine, pour nous-mêmes et les générations futures 🌱🌿. Un vrai zoo... naturel 🐞…
✨ Et si on redonnait plus d'espace à la nature dans nos vies ?